À Propos
Il y a dans le projet de Mario Del Curto une double ambition : faire ressortir la singularité des individus et faire pressentir les racines de l’art brut. Une quête visuelle qui l’a conduit dans le monde entier, auprès de celles et ceux qui griffonnent, sculptent ou bricolent leurs propres univers, sans formation artistique préalable ni buts commerciaux. Une forme d’expression qui se passe de reconnaissance pour mettre en lumière les personnes qu’on ne voit pas, les sans-grades, les sans-abris, les sans-papiers. Si Mario Del Curto témoigne un tel intérêt et une telle admiration pour cette catégorie de créateur-ices, c’est parce qu’il est fasciné par leur liberté. Il a toujours été attiré par ce qui échappe à la normalité et est convaincu que la création s’exprime plus librement dans les marges de la société.
La plupart des images présentées montrent les maisons et jardins de ces artistes, conçus pour leur seul usage, comme un mollusque qui façonne lui-même sa propre coquille. Des environnements archaïques et instables qui présentent ces habitations telles des mondes imaginaires qui les protègent du monde réel.
Soucieux de révéler au travers de ses clichés la condition humaine, son œuvre est qualifiée de “photographie existentielle” par Michel Thévoz.
Mario Del Curto est né le 29 mars 1955 au “milieu du monde”, à Pompaples. Sa passion pour les images le pousse à quitter l’école dès 1972. Portant un regard concerné sur le monde qui l’entoure, il pratique une photographie engagée. Ses travaux sur les mouvements sociaux des années 1970–1980 aboutissent notamment à la publication du livre Suisse en mouvement avec Philippe Maeder et Armand Dériaz. En 1980, il devient photographe indépendant et commence la photographie de scène, notamment pour le théâtre et la danse. C’est dans ce cadre qu’il réalise ses premiers portraits d’artistes. Ses photographies d’art vivant, dans lesquelles se mêlent une sensibilité plastique et une forte expressivité, font le tour du monde. En 1983, il découvre l’Art brut et se passionne pour cette forme de création instinctive et sans concession. Dans la lignée des premiers témoignages photographiques sur le sujet par Robert Doisneau ou Gilles Ehrmann notamment, il dévoue une grande partie de son travail à ce sujet.