L’équipe actuelle du TO a commencé son aventure en 2018. La question climatique cherchait encore sa place dans les médias, elle venait de sortir des coulisses et il était alors encore surprenant qu’un théâtre entier veuille l’amener sur le devant de la scène. Depuis, les quelques militant·es sont devenu·es les centaines de milliers de jeunes et moins jeunes dans les rues. Nous avons marché à côté d’elles et eux : mêmes questions, mêmes combats.

Nous achevons notre aventure cette saison, alors que beaucoup de jeunes de ce mouvement ont à présent plus de 18 ans, que leur élan a été coupé par une pandémie, et que les manifestations se font plus rares. Nous aimons croire que leur envie de changer le monde est intacte, mais qu’elles et ils ont pris du recul après avoir ressenti que les choses ne bougeaient pas à la vitesse nécessaire. Et aussi parce que, pour le moment, dans les tribunaux elles et ils sont les seul·es accusé·es. Ces jeunes reviendront s’ils et elles le pensent nécessaire même si ce n’est pas à elles·eux de porter le monde !

Nous aussi, au TO, pourrions avoir envie de baisser un peu les bras, tant le décalage entre les besoins urgents pour préserver notre planète et notre humanité et la lenteur du changement est dur à supporter au quotidien. Toutefois, nous n’allons pas le faire ! Vous avez été des dizaines de milliers à soutenir l’activité de toutes celles et ceux qui ont rendu possible notre aventure, et ceci a une valeur incalculable, surtout dans un monde qui fait du calcul son jalon.

Les pouvoirs publics aussi n’ont pas tari d’éloges, mais pas forcément du soutien nécessaire. Bien sûr il n’y a pas que nous, la société entière attend le grand changement. L’impression que nous avons toutes et tous est que le monde économique fonce avec inertie vers la catastrophe et le monde politique n’a plus les moyens d’intervenir sur la réalité que celui-ci lui impose.

Voire ils se délectent les deux dans des parties fines pendant que le monde court à sa fin ? Fin des partis politiques ? Fin de partie tout court ?

Une partie de nous est attirée par le regard sans concession à propos de notre futur que le génie de Beckett nous propose dans le titre de son chef d’œuvre, toutefois non, nous ne céderons pas au chantage du réel qui pousse à persévérer dans ces erreurs.

Notre dernière saison théâtrale sera un peu plus rentre-dedans, mais riche aussi d’amour pour un monde rural qui s’effondre, et pleine de respect pour celles et ceux qui proposent des pistes possibles,qui tracent des sentiers là où il n’y a en a pas encore. Elle sera encore une fois foisonnante de musique,d’arts visuels, et bien sûr des fleurs et des légumes de notre jardin.

Alors fin de partie peut-être oui, mais avant notre départie, cette saison encore, nous en tirerons quand même toutes et tous parti, et avec finesse !

Andrea Novicov

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